Biographies d'artistes

TOULOUSE LAUTREC

par {{ author }} Arthur FOUASSE au Feb 13, 2023

TOULOUSE LAUTREC

Jeunesse

Toulouse Lautrec est un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur français, né le 24 novembre 1864 à Albi et mort le 9 septembre 1901, au château Malromé, à Saint-André-du-Bois.

Au xixe siècle, les mariages dans la noblesse se faisaient couramment entre cousins afin d'éviter la division des patrimoines et l'amoindrissement de la fortune. Ce fut le cas des parents d'Henri, Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et Adèle Tapié de Céleyran, cousins au premier degré. Ils ont eu deux garçons, Henri, l'aîné et, quatre ans plus tard, son frère Richard-Constantin, qui meurt un an après. Henri grandit entre Albi, entre le château du Bosc3(demeure de ses grands-parents et aussi de son enfance) et le château de Celeyran.

Au xixe siècle, les mariages dans la noblesse se faisaient couramment entre cousins afin d'éviter la division des patrimoines et l'amoindrissement de la fortune. Ce fut le cas des parents d'Henri, Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et Adèle Tapié de Céleyran, cousins au premier degré. Ils ont eu deux garçons, Henri, l'aîné et, quatre ans plus tard, son frère Richard-Constantin, qui meurt un an après. Henri grandit entre Albi, entre le château du Bosc3(demeure de ses grands-parents et aussi de son enfance) et le château de Celeyran.

Toulouse-Lautrec, fils du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa (1838-1913) et d'Adèle Tapié de Céleyran (1841-1930), est né dans l'une des plus vieilles familles nobles de France. Elle prétend descendre en effet en droite ligne des comtes de Toulouse, qui furent jusqu'au xiiie siècle parmi les plus puissants féodaux du royaume. Cependant, cette famille, malgré son nom illustre, vit comme une famille aisée de la noblesse de province

L'incompatibilité d'humeur entre les deux parents entraîne leur séparation et Henri reste sous la garde de sa mère.


Problèmes de santé et infirmité

Lautrec a une enfance heureuse jusqu'au moment où se révèle, en 1874, une maladie qui affecte le développement des os, la pycnodysostose, maladie génétique, due à la consanguinité de ses parents. Ses os sont fragiles et, le 30 mai 1878, il trébuche et tombe. Le médecin diagnostique le fémur gauche brisé et, en raison de sa maladie, la fracture se réduit mal. Entre mai 1878 et août 1879, il souffre de cette fracture du fémur bilatérale qui aggrave son retard de croissance : il ne dépassera pas la taille de 1,52 m. On essaye de le guérir au moyen de décharges électriques et en lui plaçant à chaque pied une grande quantité de plomb.

Comme toujours dans cette affection, son tronc est de taille normale, mais ses membres sont courts. Il a les lèvres et le nez épais. Il zézaye et en joue, faisant le provocateur dans les salons. Il se fait photographier nu sur la plage de Trouville-sur-Mer, en enfant de chœur barbu, ou avec le boa de Jane Avril (dit « Mélinite »), tout en étant très conscient du malaise que suscite son exhibitionnisme.

Élève au lycée Condorcet, il échoue en 1881 au baccalauréat à Paris, mais il est reçu à Toulouse à la session d'octobre. C'est alors qu'il décide de devenir artiste. Soutenu par son oncle Charles et par René Princeteau, un ami de son père peintre animalier, il finit par convaincre sa mère. De retour à Paris, il étudie la peinture auprès de René Princeteau, dans son atelier au 233, de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, puis en avril 1882 dans l'atelier de Léon Bonnat, et en novembre 1882 dans celui de Fernand Cormon où il reste jusqu'en 1886 et y fréquente Van Gogh, Émile Bernard, Louis Anquetin et Adolphe Albert, un militaire voulant devenir peintre, avec qui il sera très lié.

 

Vie parisienne

Il a vécu pour son art. Peintre du postimpressionnisme, illustrateur de l’Art nouveau et remarquable lithographe, il a croqué le mode de vie de la Bohème parisienne à la fin du xixe siècle. Au milieu des années 1890, il a contribué par des illustrations à l'hebdomadaire humoristique Le Rire.

Considéré comme « l’âme de Montmartre », le quartier parisien où il habite depuis son installation en 1884 au 19 bis, rue Fontaine, ses peintures décrivent la vie au Moulin-Rouge et dans d’autres cabarets et théâtres montmartrois ou parisiens. Il peint Aristide Bruant mais aussi la prostitution à Paris à travers les maisons closes qu’il fréquente et où, peut-être, il contracte la syphilis. Il a notamment une chambre à demeure à La Fleur blanche. Trois des femmes connues qu’il a représentées sont Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert et Louise Weber, plus connue comme La Goulue, danseuse excentrique qui a importé le cancan d'Angleterre en France.

Il a donné des cours de peinture et encouragé les efforts de Suzanne Valadon, un de ses modèles et aussi probablement sa maîtresse.

 

Mort

Alcoolique pendant la plus grande partie de sa vie d’adulte, il a eu l'habitude de mélanger à son absinthe quotidienne du cognac, au mépris des convenances de l'époque. Il a utilisé notamment le subterfuge d'une canne creuse pour cacher une réserve d'alcool. Il a été admis dans un sanatorium peu avant sa mort à Malromé, la propriété de sa mère, à la suite des complications de son alcoolisme et de sa syphilis.

Mort à 36 ans, il a été inhumé dans le cimetière de Verdelais (Gironde) à quelques kilomètres de Malromé.

Ses derniers mots sont pour son père, présent au moment de sa mort, faisant allusion aux goûts de cet aristocrate fantasque et passionné de chasse : « Je savais, papa, que vous ne manqueriez pas l'hallali12. » On cite aussi sa réaction lapidaire voyant son père, chasseur dans l'âme, tentant de toucher une mouche qui vole sur le lit de mort de son fils avec l'élastique d'une de ses bottines : « Le vieux con ! »

Au Musée Toulouse-Lautrec d'Albi, il est fait allusion aux dernières paroles de l'artiste adressées à sa mère. Les relations que Lautrec entretenait avec son père ont été sujettes à de nombreuses divagations.

Le peintre n'a pas été un artiste maudit par sa famille, bien au contraire. Son père écrit à Gabrielle de Toulouse-Lautrec, sa mère et donc la grand-mère paternelle du peintre, le soir de la mort de son fils : « Malromé, 9 septembre 1901 : Ah chère Maman, que de tristesses. Dieu n'a pas béni notre union. Que sa volonté soit faite, mais c'est bien dur de voir renverser l'ordre de la nature. J'ai hâte de vous rejoindre après le triste spectacle de l'agonie longue de mon pauvre enfant si inoffensif, n'ayant jamais eu pour son père un mot enfiellé. Plaignez-nous. Alphonse. »

Après la mort de Toulouse-Lautrec, Maurice Joyant, son ami intime, son protecteur et marchand de tableaux veut mettre en valeur son œuvre avec l'accord de la comtesse Adèle de Toulouse-Lautrec. Ils donnent les fonds nécessaires pour qu’un musée soit créé à Albi, ville où naquit l'artiste, et offrent leur superbe collection de tableaux.

 

Son art

Malgré une vie courte et marquée par la maladie, l’œuvre du peintre est très vaste : le catalogue raisonné de ses œuvres, publié en 1971, énumère 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies (y compris les affiches) et environ 5 000 dessins.

Dans sa jeunesse les chevaux constituent pour lui un sujet habituel. Depuis l’enfance, il aime l’équitation et doit y renoncer à cause de sa maladie. Il a continué à faire vivre dans ses œuvres sa passion pour les chevaux.

Au début de sa carrière, il peint quelques nus masculins comme exercices, mais ses meilleurs nus représentent des femmes. En général, il préfère partir d’ébauches, mais beaucoup de ses nus doivent avoir été faits d’après nature. D’habitude ses modèles ne sont pas de belles jeunes filles, mais des femmes qui commencent à vieillir. Pour peindre ce genre de tableaux il s’inspirait d’Edgar Degas.

Il ne cessait de dessiner : quelques dessins sont des œuvres en eux-mêmes, mais beaucoup sont des ébauches pour des peintures ou des lithographies. Quelquefois ses dessins ressemblaient à des caricatures qui, en quelques traits, rendaient un geste ou une expression ; pour les réaliser, il employait divers moyens (crayon, encre, pastel et fusain).

Bien que ne pratiquant pas lui-même la photographie, il compte parmi ses amis et compagnons d'amusement le photographe professionnel Paul Sescau et les photographes amateurs Maurice Guibert et François Gauzi. Il se fait photographier régulièrement par eux et aime se déguiser. Il s'est servi de photos de ses modèles ou de personnages comme base de certaines œuvres. La spontanéité et le sens du mouvement de ses compositions viennent souvent de l'instantané photographique.

Toulouse-Lautrec, tout comme Gauguin, les peintres nabis ou Steinlen, réalise aussi bien des tableaux pour les galeries d'art que des illustrations pour des magazines bon marché vendus en kiosque. Il crée 31 affiches et 325 lithographies, inventant une technique de spray originale, consistant à gratter une brosse à dents chargée d'encre ou de peinture avec un couteau. En tant qu'illustrateur, Toulouse-Lautrec a réalisé des affiches devenues célèbres et, partie moins connue de son œuvre, il a également illustré une quarantaine de chansons, des succès principalement interprétés dans les trois grands cabarets parisiens de l'époque : le Moulin-Rouge, le Mirliton d'Aristide Bruant.

N’ayant pas besoin d’exécuter des œuvres de commande, Lautrec choisit des sujets qu'il connaît bien ou des visages qui l’intéressaient et, comme il fréquentait des gens de toute sorte, ses tableaux couvrent une vaste gamme de classes sociales : nobles et artistes, écrivains et sportifs, médecins, infirmières et figures pittoresques de Montmartre. Beaucoup de ses tableaux (tel le Salon de la rue des Moulins) montrent des prostituées parce qu’il les considérait comme des modèles idéaux pour la spontanéité avec laquelle elles savaient se mouvoir, qu’elles fussent nues ou à moitié habillées. Il peignait leur vie avec curiosité, mais sans moralisme ni sentimentalisme et, surtout, sans chercher à leur attribuer le moindre caractère fascinant. Allant au bordel aussi bien par plaisir que par nécessité (en raison de son handicap, il y trouve une vraie affection, si bien qu'il se démarque en donnant à voir des images sans jugement moralisateur et sans voyeurisme). Véritable mascotte des prostituées, ces dernières lui ont donné le surnom de « cafetière » en raison de son priapisme ou de la proportion d'un de ses organes sexuels.

Son ami Henri Rachou (1856-1944) a réalisé son portrait, en 1883.


Toulouse-Lautrec et le cirque

À la fin du xixe siècle, les spectacles circassiens sont très nombreux en France, Toulouse-Lautrec a régulièrement visité les cirques itinérants de province et les cirques stables de Paris. Dans les quartiers populaires de Paris, seuls deux cirques sont présents : le Cirque d'Hiver à Paris et le cirque Fernando à Montmartre. Dans les quartiers huppés parisiens, plusieurs cirques proposent des mises en scène spectaculaires comme l'Hippodrome avec ses fameuses courses de char, le Cirque d'été près des Champs-Élysées, le Cirque Molier Rue Benouville et le Nouveau Cirque, où se produit Chocolat, rue Saint-Honoré.

René Princeteau, peintre sourd-muet et ami du cercle familial de Toulouse-Lautrec, est chargé par le père de l'artiste de lui enseigner l'art de la peinture et du dessin. En effet, René Princeteau possédait un don exceptionnel pour la peinture et le dessin de chevaux et de chiens. Au début des années 1880, il a fait découvrir à Toulouse-Lautrec le cirque Fernando, situé en haut de la rue des Martyrs à Paris. Le père de Toulouse-Lautrec, aristocrate passionné par l'univers des chevaux, avait emmené fréquemment son fils au cirque Molier lorsque la famille s'est installée à Paris en 1872.

Toulouse-Lautrec s'est passionné alors pour le cirque. Ce milieu lui rappelle l'anticonformisme de son cercle familial. Il est aussi attiré dans ces spectacles par les corps en mouvement, les performances athlétiques des artistes et les postures des animaux. L'univers du cirque l'intéresse aussi en raison des liens qui peuvent être noués avec le cirque antique et sa mise en pâture des corps meurtris et suppliciés donnés en spectacle.

L'autre attrait du cirque éprouvé par Toulouse-Lautrec relève de la mise en parallèle qui peut être tracée entre les corps des artistes circassiens en spectacle et son propre corps . « C'est un corps souffrant, qui dessine des corps souffrants », comme le souligne un des rédacteurs du catalogue de l'exposition « Le cirque au temps de Toulouse-Lautrec », au musée Raymond Lafage, qui a eu lieu à Lisle-sur-Tarn du 18 juin 2016 au 31 octobre 2016. « Le numéro impose sa douleur quotidienne au gré des répétitions : hypertrophie musculaire des bras, des jambes, arcature outrée des dos, des membres, rachitisme, au contraire, des corps voués à la voltige, à la légèreté imposée. » Cependant, Toulouse-Lautrec ne souhaite pas inspirer de la complaisance envers les artistes circassiens. « Le spectacle doit être facile, gracile et joyeux. » Comme le remarque un des rédacteurs du catalogue de l'exposition, « Le spectacle servirait-il à cacher… le spectacle, je veux dire, l'intime, celui de sa propre vie ? »

Toulouse-Lautrec se sent aussi proche des valeurs liées à l'univers circassien notamment la notion de liberté.

Au début de 1899, Toulouse-Lautrec est hospitalisé en raison de plusieurs désordres mentaux liés à différents maux dont l'alcoolisme. Il est interné dans la clinique du docteur Sémelaigne à Neuilly. Au mois de février 1899, pour prouver qu'il a bien recouvré sa santé mentale et sa capacité à travailler, il dessine de mémoire au crayon noir et aux crayons de couleurs une série de 39 dessins sur le cirque. Y sont représentés des amazones, des trapézistes, des clowns, des dresseurs d'ours et d'éléphant, des chevaux et des chiens savants. Les gradins sont dessinés vides. Le public est absent comme pour démontrer que le peintre est là contre son gré. Les médecins, éblouis par la cohérence de ces œuvres et la dynamique des mouvements représentée, l'ont laissé sortir le 17 mai 1899, reconnaissant ainsi l'état parfait de sa mémoire et sa remarquable technicité. Comme l'a si poétiquement dit Toulouse-Lautrec : « J'ai acheté ma liberté avec mes dessins. »




Henri de Toulouse-Lautrec en vacances sur le bassin d'Arcachon

Lautrec séjourne la première fois à Arcachon en 1872, alors âgé de 8 ans, avec sa mère Adèle. À cette époque, son oncle Ernest Pascal étant préfet de Gironde, il profite de la présence de ses trois cousins, en location à Arcachon ou logeant au Grand Hôtel, pour jouer sur la plage et nager, malgré son handicap, notamment avec son cousin Louis qui a le même âge que lui.

A l’âge adulte, il rejoint quasiment tous les étés le Bassin d’Arcachon où il s’adonne avec ses amis à la pêche, à la voile, à la baignade, et autres plaisirs balnéaires, profitant de l’air salutaire à ses poumons fragiles.

En 1885, il découvre, grâce au médecin hygiéniste Henri Bourges, qui l’héberge à Paris, le village de Taussat (commune de Lanton) alors que ce médecin rejoint un confrère le docteur Robert Wurtz qui séjourne dans la vaste propriété familiale s’étendant entre Andernos et Taussat.

Alors que la famille Pascal, en raison d'un revers de fortune en 1892, ne vient plus sur Arcachon, Henri de Toulouse-Lautrec, s’arrange autrement et profite cette même année de l’hospitalité de Louis Fabre (1860-1923), magistrat originaire d’Agen, rencontré à Paris probablement vers 1890, et à qui Lautrec a fait acheter à Taussat la villa Bagatelle ainsi qu’un voilier baptisé Belle Hélène en hommage à la fiancée et future épouse de Fabre, Hélène Estève (1859- ?). Lautrec s’incrustera chez les Fabre sans complexe jusqu’à sa mort en 1901.

Son ami photographe, Maurice Guibert l’accompagne souvent à Arcachon ou à Taussat. Il expérimentera en 1896, la pêche avec des cormorans que son père Alphonse de Toulouse-Lautrec, authentique maître fauconnier, lui a appris à dresser dans sa jeunesse.

Lautrec connaît depuis longtemps un armateur bordelais ruiné, Paul Viaud (1846-1906), de 18 ans son aîné qui sera chargé en 1899 par la famille Toulouse-Lautrec de veiller sur Henri, devenu alcoolique, miné par l’absinthe, et qui a dû être enfermé dans une maison de santé cette même année à Neuilly.

C’est bien à la villa Bagatelle, à Taussat en août 1901, que, fortement amaigri par une tuberculose contractée quelques mois auparavant, le peintre apparaît sur une dernière photographie. Victime d’attaques nerveuses qui le paralysent progressivement, il est emmené d’urgence à Malromé, où il s’éteindra le 9 septembre 1901.

Loin des lieux de plaisir parisiens, le peintre venait effectuer une sorte de cure, oubliant son handicap physique et retrouvant une autre joie de vivre. Les peintures faites lors de ses séjours sont loin des sujets montmartrois qui ont fait sa renommée et étaient destinées à remercier ses hôtes de leur accueil. L’histoire reconstituée de ses villégiatures sur le bassin Arcachon nous donne une vision beaucoup plus saine de ce personnage.

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